MÉDECINE EXPONENTIELLE, VIE EXPONENTIELLE, LA MÉDECINE QUI NOUS CALCULE EST-ELLE LIBÉRATRICE ?
Les technologies du numérique ont envahi notre univers quotidien professionnel et personnel.
Même si le numérique et la médecine se côtoient depuis un certain nombre d’années, une accélération se produit, augmentant le champ des possibles. Le premier génome humain a été décodé il y a plus de 10 ans et ce fut à l’époque un exploit qui a coûté 1 milliard de dollars. Désormais les procédés sont accessibles aux particuliers pour 140$, bientôt pour 5$, ils permettent de passer à une analyse systématique des génomes et de constituer ainsi des bases de données génomiques augmentées des données provenant des instruments (scanner, IRM …), des prélèvements en temps réel via les objets connectés, du dossier médical numérique … pour arriver au Big Data de la médecine.
Les géants de l’internet (GAFA) se sont emparés du sujet et leur puissance en termes d’innovation peut entraîner des révolutions dans le domaine de la médecine. Se pourrait-il alors que ces puissants visionnaires qui ont osé faire du cerveau leur prochaine frontière, prennent de vitesse dans leur projet radical les formidables avancées de la médecine de précision dont on attend tant de miracles pour gagner en qualité de vie : chirurgie robotisée, guérison du cancer, impression de tissus en 3D et prothèses en tout genre et toujours moins invasives ?
La constitution de ces bases de données médicales personnelles peut être source, non seulement de progrès pour une médecine personnalisée, mais à l’échelle macroscopique, l’avalanche de brevets sur le génome montre que la connaissance n’est pas le seul enjeu perçu par les industries de la santé et de la protection sociale – voire du monde professionnel – et par certains gouvernements.
Au-delà des r-évolutions possibles apportées par ces nouvelles technologies appliquées à la médecine, des questions d’éthique et juridiques se posent : va-t-on vers l’homme augmenté (Transhumanisme) ?”
COORDINATION SCIENTIFIQUE
DATE & LIEU
31 mars 2017
8h30 - 19h00
École Polytechnique,
91120 Palaiseau
Organisateurs et partenaires
PROGRAMME
Accueil & café
MATINEE
Le suivi automatique des étapes opératoires
—– TABLE RONDE —–
Parcours de soin 2.0 : opportunités et risques : Les nouvelles technologies numériques (IoT, Deep Learning, BigData…) sont des leviers formidables pour la médecine de demain. Cependant, avant de se projeter dans un “parcours de soin 2.0”, l’accessibilité et l’utilisation des données de santé posent un certain nombre de questions d’un point de vue technologique, mais également législatif. C’est cette problématique que nous proposons d’aborder au cours de cette table ronde.
* Betty Sfez (Avocate Santé)
* Jacques-Charles Flandin (Business Angel)
* Adnan El Bakri (Innovsanté)
* David Sainati (Medappcare)
* Yasser Jebbari (DeepOR)
* Stéphanie de Marco (Angel Santé)
* Jean-Michel Rondeau (ATOS)
Les exosquelettes robotisés – Réalités et perspectives
De l’homme réparé à l’homme augmenté
ACTE DU SÉMINAIRE :
De gauche à droite, les participants à la table ronde du matin “Parcours de soins 2.0 : opportunités et risques”: Valérie Masson-Patrimonio, Jacques-Charles Flandin, Stéphanie de Marco, Betty Sfez, David Sainati, Jean-Michel Rondeau, Christophe Calvin
Le Pr Guy Vallancien et Philippe Wlodyka, participants au débat de l’après-midi “Vers où nous mènent les nouvelles technologies des sciences de la vie si nous les laissons sans contrôle ?”
BIG DATA ET DEEP LEARNING : NOUVEAUX PARADIGMES DE DISRUPTION DE LA SANTÉ | ADNAN EL BAKRI, INNOVSANTÉ
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Deep Learning, Big Data, Blockchain : La nouvelle révolution des systèmes de soins
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Exemple concret d’application d’un algorithme prédictif sur un modèle de cancérologie
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Conserver l’indépendance des intervenants en santé dans le cadre d’un modèle économique biface interdépendant
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La route vers le parcours de soins connecté 2.0 passe par le citoyen en le remettant au centre de la chaine de santé : empowerment des populations
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Chaine de sécurité sociale numérique internationale pour contrer les GAFA
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Médecine participative, prédictive, préventive, personnalisée, épidémiologie ciblée, économie de santé publique de terrain
Adnan El Bakri, interne en dernière année de chirurgie urologique et chercheur, a fondé une startup de santé numérique (InnovSanté – InnovHealth®) qui mène un ambitieux projet de santé connectée par la création d’un “Passeport Vital®” proposant ainsi une évolution de la carte vitale vers une version 2.0 contenant un dossier médical universel dans le cadre d’une vision de Data Mining. 1er projet de Big Data collaboratif (ChainForHealth®) face aux GAFA via une chaine de Sécurité Sociale Numérique, l’objectif étant de proposer aux Etats une interface unique en blockchain permettant une organisation efficiente de leur système de soins tout en valorisant la recherche médicale.
PLAN NATIONAL FRANCE MÉDECINE GÉNOMIQUE ET ENJEUX ASSOCIÉS AUX DONNÉES | FRANCK LETHIMONNIER, AVIESAN
Approuvé par gouvernement en juin 2016, le plan France Médecine Génomique 2025 ambitionne d’intégrer l’innovation dans une logique de transfert vers le soin. Ce plan, dont le pilotage opérationnel du plan a été confié à l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (AVIESAN), prévoit d’intégrer la médecine génomique dans le cadre du parcours de soins. Si le soin constitue le cœur de ce plan, l’organisation proposée ambitionne également le développement d’une filière nationale de la médecine génomique en adossant et encourageant une activité de recherche et développement autour des analyses et des données qui en résultent. Plus de 160 personnes ont contribué à l’élaboration de ce plan et contribuent aujourd’hui à sa mise en œuvre au travers 14 mesures dont 9 ont d’ores et déjà été initiées.
Celles-ci prévoient notamment :
1) le déploiement d’un réseau de plateformes de séquençage couvrant l’ensemble du territoire,
2) la mise en place d’un centre national de calcul intensif (le « CAD », Collecteur Analyseur de Données ») capable de traiter et d’exploiter le volume considérable de données génomiques issues de centres de séquençage, interconnecté et interfacé avec des bases de données cliniques nationales et internationales et en charge de d’offrir les premiers services et partenariats à destination des professionnels de santé dans le cadre du parcours de soin mais également des chercheurs et des industriels,
3) la création d’un centre de référence technologique, d’innovation, et de transfert (CRefIX) dont l’objectif est de préparer les futures évolutions et innovations technologiques, de développer et de transférer sur le CAD et les plates-formes de séquençage les procédures, nouveaux outils et technologies développés dans le contexte d’une standardisation des procédés et protocoles.
LE SUIVI AUTOMATIQUE DES ÉTAPES OPÉRATOIRES | YASSER JEBBARI, DEEPOR
Le temps dans un bloc opératoire est précieux. La gestion des flux de patients est fondamentale pour le bon fonctionnement du service de chirurgie. Cette gestion manuellement assurée par le personnel médical est chronophage, inefficace, et source de stress. DeepOR a créé une solution pour optimiser l’utilisation des blocs opératoires. Une intelligence artificielle réalise le suivi des étapes opératoires en temps réel. Résultat, le bloc opératoire gagne en efficacité et l’équipe de bloc peut se concentrer sur le soin du patient.
Yasser Jebbari est co-fondateur de DeepOR, start-up spécialisée en intelligence artificielle appliquée au bloc opératoire.
LES EXOSQUELETTES ROBOTISÉS - RÉALITÉS ET PERSPECTIVES | NATHANAËL JARRASSÉ, INSERM
Les exosquelettes envahissent la scène médiatique et apparaissent dans des contextes de plus en plus variés, allant de l’augmentation physique pour l’armée ou l’industrie, à la rééducation neuromotrice de patients cérébrolésés. Au-delà de la complexité du développement mécanique de ces objets technologiques, ce sont les problématiques de partage du contrôle et d’interaction avec l’humain qui constituent actuellement les challenges de la recherche.
L’objectif de cette présentation sera donc de détailler les différents types d’exosquelettes, leurs applications et particularités, mais aussi et surtout les verrous scientifiques qui subsistent et limitent encore la généralisation de leur utilisation.
Nathanaël Jarrassé est chargé de recherche à l’Institut des systèmes intelligents et de robotique (Isir) à Paris, et chercheur associé à l’Imperial College London. Ses thématiques de recherche portent notamment sur l’interaction physique homme-robot, les prothèses et la robotique de rééducation.
NOUS VIVONS DANS UN MONDE DE SCIENCE-FICTION | ARIEL KYROU
De l’intelligence artificielle à la télésurveillance de tous par tous, notre temps ressemble chaque jour un peu plus aux anticipations de films ou de grands auteurs de science-fiction comme Philip K. Dick, John Brunner ou William Gibson. En mettant en scène nos grandes mythologies, la fabrication de mondes mentaux, la destruction et la création de la vie, la science-fiction crée des expériences de pensée ou nous projeter pour mieux comprendre ce qui arrive et se passera peut-être demain. Sous ce regard, elle est « technocritique ». C’est une antidote, et à la technophobie qui prône le retour à l’obscurantisme à l’ancienne, et à la technophilie dont les objets nous contrôlent à l’insu de notre plein gré.
Rédacteur en chef de la revue Visions solidaires pour demain et membre du collectif de rédaction de la revue Multitudes, Ariel Kyrou utilise la science-fiction et l’art contemporain pour penser le monde d’aujourd’hui. Il est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels L’emploi est mort, vive le travail (Mille et une Nuits, 2015) avec Bernard Stiegler, et Ceci n’est pas un blasphème (Inculte / Actes Sud, 2015) avec Mounir Fatmi. Directeur associé de la société Moderne Multimédias, il est également le rédacteur en chef du site de réflexion sur le numérique Culture mobile, des dossiers du Digital Society Forum, ainsi que de la base de connaissance pour l’invention sociale et solidaire solidarum.org.
LA RÉALITÉ VIRTUELLE EN SANTÉ | JUDITH NICOGOSSIAN
L’immersion par le regard que propose la réalité virtuelle est-elle une technique au point? Comment le cerveau réagit-il à la simulation? Cette pratique – comme le regard augmenté du chirurgien – modifie le sens du réel et génère des changements de pratique au cœur de la relation de soin, de soi à soi et de soi à l’autre. Que faut-il en penser?
Judith Nicogossian est anthropobiologiste, journaliste, conférencière. Elle vient d’un laboratoire de recherche d’anthropobiologie du CNRS hébergé à la faculté de médecine de la Méditerranée et collabore avec des laboratoires du CNRS comme le TIMC-IMAG (technologies pour la santé, robotique médicale, bio-pile au glucose, etc.), le département de neuro-anatomie de Joseph Fourier, l’hôpital d’Angers et sur le projet des objets connectés à Lyon 1 sur l’intelligence artificielle, l’INSA de Lyon (sciences de l’ingénierie du biomédicale), la Société Scientifique de Médecine Généraliste belge (autour des thématiques du corps augmenté) et avec la MGEN, via la plate-forme mmmieux.fr.